Pour celles et ceux qui n'auraient pas le temps de lire la tribune (ci dessous) de Pierre Lellouche, je vais vous dresser un petit topo de ce qu’est un voyage diplomatique de campagne à la façon de Madame Royal : des photos souvenirs, de belles paroles, des mots nouveaux et une incohérence sans égale…pour parler des droits de l’Homme, du respect en France, Madame Royal est présente ; quand il s’agit de défendre ces mêmes valeurs dans un pays qui n’est pas réputé (et c’est le moins que l’on puisse dire) pour son respect des droits de l’Homme, Ségolène n ‘est plus au rendez-vous. Ne serait-ce pas là le signe d’un double discours, pratique dangereuse pour une élue de la République qui aspire à devenir présidente de la République.
Je vous présente donc mon extrême scepticisme quand à la capacité de Madame Royal à défendre les intérêts et les règles les plus élémentaires du droit international dans un pays étranger. Je ne reviendrais pas sur son voyage au Proche Orient où elle a refusé de saluer une élue française (Madame de Panafieu, une petite illustration vidéo) alors même que la veille, elle saluait un membre du Hezbollah dont les activités terroristes ne sont plus à démontrer. Un comble et encore une fois l’incohérence la plus totale !
Une petite tribune de Monsieur Lellouche, député de Paris que je me permet de reprendre en partie pour mettre en avant l'incompetence de Madame Royal qui n'est plus à démontrer je le crois.
Les tribulations de Ségolène Royal en Chine, censées crédibiliser la stature internationale de la candidate socialiste, ont atteint de nouveaux records d'amateurisme et d'improvisation. Bien incapable de dire aux Français, avant son départ, qui elle allait rencontrer et ce qu'elle allait faire en Chine, Mme Royal a donné l'impression de s'être laissée embringuer dans un voyage organisé par un tour operator un peu particulier : le Parti communiste chinois. Son programme, tel qu'il a pu être reconstitué ex-post, montre qu'elle a surtout effectué une visite touristique, les photos et les images étant sa spécialité - ainsi de l'écharpe blanche sur la Grande Muraille et de l'incontournable visite de la Cité interdite ; Elle n'aura vu ni le président, ni le premier ministre, ni le ministre des Affaires étrangères, ni le ministre de la Défense, ni le ministre de l'Économie. Ses contacts avec la société civile se sont limités à des citoyens modèles triés sur le volet (membres du Parti communiste, quand ils ne sont pas fils de membres du Parti depuis 1921...) : ainsi de la famille chinoise « ordinaire » chez qui elle est allée boire le thé, ou des « étudiants » de l'Institut diplomatique, sagement fidèles à la ligne officielle.
Quant aux sujets abordés, là encore, on souffre pour elle devant l'indigence du contenu. Car quels sont, au fond, les problèmes fondamentaux posés par la Chine aujourd'hui ? Il y a, en premier lieu, les problèmes stratégiques : la Chine, actuellement engagée dans un réarmement extrêmement rapide (son budget de la défense, en progression rapide depuis quinze ans, a augmenté en 2006 de 14,7 % pour dépasser cette année les 35 milliards de dollars), ne nous aide guère sur le dossier du nucléaire iranien et bien peu sur la Corée du Nord. Que je sache, pas un mot de Mme Royal sur le sujet.
Autre grand sujet, la compétition chinoise dans la mondialisation des échanges et la faiblesse de la France à cet égard (le marché de la construction des centrales nucléaires chinoises vient d'échapper à Areva) alors que les échanges avec la France représentent à peine 1 % du commerce extérieur chinois. Sur ce point, Mme Royal a eu cette merveilleuse formule : « Nous pouvons gagner » ; tandis que si les entreprises françaises perdent des marchés, elles n'ont, ma foi, qu'à s'en prendre à elles-mêmes « au lieu de penser que c'est toujours de la faute des autres ». L'ennui, c'est que pendant ce temps, à Paris, son compagnon François Hollande promet à tout va des hausses d'impôts et davantage de réglementation : magnifique grand écart entre les exhortations à exporter à l'étranger, d'un côté, le matraquage des exportateurs à domicile, de l'autre.
La Chine est aujourd'hui l'un des pays les plus pollueurs de la planète ; mais Mme Royal, naturellement, ne parle pas des sujets qui fâchent. Ce pays est également l'une des dernières dictatures communistes de la planète, même s'il y règne en pratique un capitalisme des plus prédateurs ; mais Mme Royal semble avoir, là aussi, oublié la notion même de droits de l'homme, pourtant inscrite dans notre Constitution, au profit de celle, plus diluée, de « droits humains ». Elle félicite même les tribunaux chinois d'être « plus rapides que les tribunaux français ». On rêve... car la Chine est tout de même, de très loin, le champion du monde de la peine de mort, sans parler des droits de la défense, réduits là-bas à leur plus simple expression.
À grand renfort de publicité, on apprendra tout de même, sur le tard, qu'elle a fait remettre (mais à qui ? et pour quels résultats ?) une liste des noms de cinq avocats et journalistes emprisonnés : c'est bien peu, en tout cas, sur les milliers de prisonniers politiques et d'opinion que compte ce pays.
Le bilan est donc peu convaincant, c'est le moins que l'on puisse dire. Restera de ce voyage l'écharpe blanche au pays du Lotus bleu, sur fond de Muraille de Chine ; les compliments, le lendemain, d'un conseiller présidentiel sur « le rouge qui lui va si bien », subtile manière, sans doute, de relever l'impair qui avait consisté pour elle à s'habiller de blanc, couleur du deuil chez les Chinois ; et cette grande innovation linguistique qu'est la « bravitude », lapsus plus ou moins volontaire qui, pour la politique étrangère de Mme Royal, est sans doute synonyme de « nullitude ».
Les spécialistes savent que les élections se gagnent rarement, voire jamais, sur la politique étrangère, mais il n'est pas impossible de les perdre sur ces sujets. Les Français sont un peuple fier, dans un monde dangereux. Ils attendent non seulement d'être gouvernés à l'intérieur, mais aussi d'être pilotés à l'extérieur, avec compétence et intelligence. Avec les pérégrinations de Mme Royal au Proche-Orient et en Chine, on est décidément loin du compte.